Les dents de la bouche chien comme les dents de l’homme se recouvrent rapidement en l’absence d’hygiène régulière d’un dépôt visqueux : la plaque dentaire. Cette plaque ou biofilm est rapidement colonisée par des germes qui au fil du temps voient leur composition se modifier en faveur de souches plus agressives. Ces souches sont productrices de radicaux libres malodorants qui expliquent la mauvaise haleine, elles sont responsables de la destruction progressive des tissus qui soutiennent la dent et à terme du déchaussement des dents. La plaque au fil du temps fixe le calcium présent dans la salive et se minéralise progressivement, c’est le tartre.
On comprend dés lors l’importance de la prévention de la formation de la plaque dans l’hygiène bucco-dentaire du chien.
Lorsque le tartre est formé :
- les gencives sont rouges, enflammées
- l’haleine du chien est forte
Si on laisse les choses en l’état, la gingivite s’aggrave et évolue vers une destruction lente des tissus de soutien de la dent (la gencive, l’os, le ligament) c’est la parodontite qui est une atteinte irréversible des supports dentaires.
Pourquoi les chiens de petite race sont plus concernés par les problèmes bucco-dentaires ?
Si plus de 70 % des chiens de plus de 5 ans souffrent de problèmes liés soit au tartre , soit à une simple gingivite soit à une parodontite , les petites races tels que Yorkshire, Bichon, Caniche,Shis-Tsu…sont plus concernées. Chez ces petits chiens, les structures osseuses qui soutiennent les dents sont plus fines et dés qu’une infection microbienne liée à la présence du tartre s’attaque à ces structures fragiles, leur destruction est plus rapide que pour un labrador par exemple.
D’autre part ces petites races sont généralement à poils longs et la moustache s’enroule souvent autour de la lèvre supérieure. Les poils les plus longs s’agglomèrent en petites mèches et en jouant le rôle d’un fil dentaire permanent détruisent la gencive entre les dents. L’entretient des poils de cette lèvre supérieure est un élément important de l’hygiène buccale.
L’état de la bouche a t–elle des répercussions sur la santé des chiens ?
Plusieurs études ont démontré la relation étroite existant entre la mauvaise santé buccale et les répercussions possibles sur des organes importants de l’organisme des chiens (cœur, poumon, rein) . Lorsqu’une bouche de chien est manifestement infectée (dents déchaussées, présence excessive de tartre) des microbes sont relargués dans la circulation sanguine et vont essaimer dans des organes cibles .La prévention des infections bucco-dentaire est donc fondamentale pour le maintien des organes vitaux en parfait état et pour prolonger sa vie.
Quels sont les points forts d’une bonne hygiène bucco-dentaire ?
Le contrôle régulier par le propriétaire de l’état de santé de la bouche du chien permet de surveiller le niveau de la mauvaise haleine, l’état des gencives, la mobilité de certaines dents, la quantité de tartre déposé. Sachant que le dépôt de plaque puis de tartre est l’élément important car responsable des destructions de tissu de soutient, il faut tout mettre en œuvre pour éviter ces dépôts :
- brosser régulièrement les dents car le brossage mécanique assure la déstabilisation de la plaque et son élimination. Ce brossage à l’aide d’une brosse souple pour assurer une stabilisation des lésions doit se faire tous les deux jours en utilisant une brosse souple si possible spécifiquement vétérinaire (certains fabricants proposent aussi des doigtiers) et des dentifrices adaptés. En l’absence de parodontite un dentifrice au goût de viande est suffisant , mais s’il y a une inflammation de la bouche et des gencives un dentifrice spécifique contenant des agents anti-infectieux sera préférable.
Lorsque le brossage est impossible ou bien lorsque l’on veut renforcer son action (par exemple les jours sans brossage ) d’autres solutions existent :
- les solutions désinfectantes qui sont ajoutées à l’eau de boisson :
Vet Aquadent , Prozym solution, Dentalplak dentifrice buvable.
Le Vet aquadent est une solution appétente et rafraîchissante destinée à lutter contre la mauvaise haleine grâce à un antiseptique , la chlorhexidine, et un antiseptique naturel ,le xylitol, extrait végétal issu du bouleau, tous les deux contribuant à la réduction de la plaque dentaire.
Le Dentalplak contient également du Xylitol (végétal) mais aussi des extraits de girofle aux propriétés antiseptiques et anti-inflammatoires reconnues en dentisterie ainsi que la Laminaria digitata, une algue particulièrement riche en iode.
Prozym solution buvable contient du Rheum palmatum qui élimine le biofilm crée par les bactéries buccales.
- les lamelles ou barres à macher, ou snacks qui agissent par frottement et abrasion douce de la surface dentaire en raison de leur structure et de leur forme ou par l’incorporation de plantes limitant la mauvaise haleine.
Les Greenies sont des os à mâcher destinés à réduire l’installation de la plaque et donc du tartre, leur appétence est exceptionnelle, ainsi que leur digestibilité (95,7%), ils sont conçus pour convenir à la force, à la taille et à la morphologie des mâchoires de tous les chiens. Consommés quotidiennement ces os à mâcher diminuent la plaque environ de 40 % (jusqu’à 70% de réduction de plaque sur certains chiens).
Les stick dentaires Prozym sont des barres à mâcher anti-plaque et anti bio-film qui agissent par effet mécanique de déstabilisation du biofilm en raison de leur effet abrasif et par l’incorporation de Rheum palmatum pour le contrôle bactérien.
Les Mini Oral Bar de Royal Canin contribuent également à limiter le développement de la plaque par leur action mécanique (liée à leur texture et leur forme), leur action sur la minéralisation de la plaque par adjonction de polyphosphates et de Zinc ,et leur effet antiseptique apporté par l’eucalyptus et les polyphénols du thé vert.
La poudre Prozym ProDen PlaqueOff,est une poudre qui s’administre dans la nourriture, elle contient des extraits d’algue (Ascophyllum nodosum) aux propriétés antiseptiques par libération d’iode.
- L’alimentation (croquettes à visée dentaire) peut agir de deux manières sur l’hygiène et la santé buccale du chien et du chat : par son action mécanique et par les effets de certains agents anti tartre. L’effet mécanique est lié à la taille et la texture des croquettes favorisant un « nettoyage » physique des couronnes dentaires sur lesquelles l’installation de la plaque et ultérieurement du tartre seront retardés. L’effet de certains agents comme les polyphosphates sont intéressants car ils bloquent la formation des plaques calcaires de tartre. C’est pourquoi il existe des croquettes spécifiques pour les problèmes dentaires : Hill’s T/D et Royal Canin Dental.
- Le détartrage
Lorsque l’état de la bouche le nécessite (forte accumulation de tartre, très mauvaise haleine) les soins du traitement parodontal devront être confiés à un vétérinaire dont la première tache sera de nettoyer les dents avec des ultra sons : c’est le détartrage ultrasonique qui est suivi d’un polissage de l’émail. Au cours du détartrage qui est pratiqué sous anesthésie d’autres interventions sont parfois pratiquées pendant que l’animal est sous sédation :
- nettoyage sous les gencives (c’est le curettage sous gingival qui permet de retirer le tartre sous gingival qui est en réalité le plus nocif)
- extraction des dents trop déchaussées ou trop mobiles
- excision des excès de gencives …
Ces soins professionnels sont suivis de mesures de contrôle de plaque par le propriétaire : c’est l’hygiène bucco-dentaire.
Le rythme de détartrage surtout pour les chiens de petite race est bien sur fonction de l’état de la bouche et de la rapidité de la reformation du tartre (elle-même directement liée à l’alimentation et à la qualité des soins préventifs comme le brossage) mais une fréquence d’un détartrage par an semble un minimum.
Conclusion :
- sans soins la maladie parodontale progresse
- seul un brossage tous les deux jours peut l’enrayer
- les détartrages se font sous anesthésie générale d’où l’intérêt d’être constant dans l’hygiène pour espacer les interventions vétérinaires
- prévoir des visites vétérinaires régulières (au minimum une fois par an)
- ne pas avoir peur de la chirurgie parodontale